février 1
Géothermie Confort. On recrute même en breton
Chez Géothermie Confort, spécialiste des pompes à chaleur à Rostrenen (22) et au Croisty (56), business et culture régionale font bon ménage. Des entretiens d’embauche se font même en breton.
Un panneau bilingue à l’entrée de l’entreprise, un site internet et des plaquettes de promotion bilingues eux aussi, des conversations et même des échanges techniques en breton dans les bureaux. Géothermie Confort est l’une des rares entreprises régionales où la langue bretonne a droit de cité. Elle a obtenu, l’an passé, le prix «Avenir du breton» décerné par l’Office de la langue bretonne..
«Un plus!»
«Lorsqu’un candidat se présente pour un emploi, la connaissance du breton est un plus», indique Sylvain Thiemé, le P-DG. Il arrive même à Erwann Puillandre, l’un de ses proches collaborateurs, de faire passer des entretiens d’embauche en breton. Un dictionnaire bilingue va être distribué cette semaine aux salariés. La culture régionale imprègne l’entreprise. Une dizaine de salariés, notamment des cadres, sur un effectif de 49 personnes, sont bretonnants. Il leur arrive de se rencontrer en dehors du travail, dans des festoù-noz, des épreuves de lutte bretonne et autres manifestations culturelles. Nombre d’enfants du personnel fréquentent les écoles bilingues des environs. «Nous ne voulons pas être une société anonyme qui vend des produits anonymes dans un monde anonyme, résume Sylvain Thiemé. La culture bretonne valorise notre entreprise». Des propos d’autant plus surprenants que ce jeune patron de 38 ans est originaire du Val d’Oise et a passé une bonne partie de sa vie dans le Sud de la France où travaillait son père. Comment expliquer un tel choix militant?
Choc culturel
Lorsque Didier Thiemé, le père de Sylvain, ingénieur frigoriste, quitte l’industrie en 1992 pour s’installer comme artisan en Bretagne, pour concevoir et fabriquer des pompes à chaleur, le choc culturel est fulgurant pour toute la famille. «Nous n’avons jamais eu de téléviseur à la maison, nous ne connaissons que le vrai monde, nous sommes très réceptifs à l’environnement culturel, explique Sylvain Thiemé. Venant du midi de la France, nous avons été subjugués par la forte identité bretonne, son histoire, sa littérature, sa musique». Le voilà sonneur de cornemuse au bagad du Faouët. Il fait même son service au bagad de Lann-Bihoué. Sa mère, de son côté, chante du kan ha diskan dans les festoù-noz…
«Démarche éthique»
Le prolongement de la fibre régionale se fait tout naturellement dans l’entreprise familiale, reprise par Sylvain. «L’épanouissement dans le travail ne peut se faire sur les seuls critères économiques», affirme-t-il. La démarche éthique de la société ne laisse pas insensible la clientèle régionale, nationale et même étrangère. «En République Tchèque, en Allemagne ou en Pologne, nos clients installateurs apprécient les valeurs identitaires fortes que nous véhiculons», raconte Sylvain Thiemé. De 400.000euros avec 10 salariés en 2000, le chiffre d’affaires est passé à 3,5millions d’euros en 2009 avec 49 salariés de plus en plus bretonnants, et fiers de l’être.